Manipulation

C’est un mot qu’on aime peu, un sujet qu’on n’ose peu aborder.

Pourtant, dès qu’on adopte un comportement afin d’obtenir quelque chose ou de satisfaire un besoin, on est dans un rapport de manipulation. 

Vous allez me répondre : « tout le monde fait ça, non ? » peut-être, mais ce n’est pas une raison pour le faire, surtout si on sent que quelque chose est tordu en nous.

Mais quel rapport à la parentalité ?… et bien il est énorme.

Car ces comportements, on les apprend dès l’enfance.

Dans les deux sens : nous parents, quand nous nous soumettons aux comportements de nos enfants et qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent à cause/grâce à cela, nous leur leur montrons/permettons un chemin qui agit sur nous (nous "manipule"). Et dans l'autre sens, quand nous nous mettons en colère, en général, les enfants obéissent par la peur… et nous exerçons de la manipulation : nous adoptons un comportement pour obtenir ce que nous voulons.

Exemple classique: un enfant fait une crise pour avoir un bonbon, on le lui achète pour qu’il se calme. On permet à l’enfant de comprendre que ce comportement amène une satisfaction. (On peut dire non tout en accueillant ce qu'il vit, en utiisant l’humour, l’imaginaire, le toucher, mais surtout en gardant le lien. Ce sont des moyens d’apprendre à l’enfant à gérer sa frustration.)

Un enfant qui ne veut pas faire sa tâche de débarrasser le lave-vaisselle, mettre la table, ou autre : si je le gronde et que je fais à sa place… il apprend qu’il suffit de supporter un parent fâché 5mn pour éviter sa besogne.

La relation se noue... (et nos tripes aussi)

noeud

Les enfants ne cherchent pas à nous manipuler : ils assimilent par expérience le système relationnel dans lequel ils évoluent, à chaque fois qu’une de leurs actions (désirable ou non) apporte une forme de récompense. En effet, les comportements "désirables" peuvent aussi être de la manipulation: quand on se transforme (adulte ou enfant) en "doux agneau" pour obtenir quelque chose.

Nous parents, soyons attentifs à quels rapports nous souhaitons entretenir et enseigner à nos enfants.

Ces derniers vont s’imprégner des milliers d’interactions qu’ils nous voient mener avec eux et avec d’autres. Cela deviendra leur système, leur référence.

Pour être intègre, il nous sera nécessaire de parfois décevoir, de gérer un conflit, et de l’ assumer… et cela, ce n’est pas toujours facile, je l’admets entièrement.

Nous adultes aussi, quand nous nous mettons en colère, en général, les enfants obéissent par la peur… et nous exerçons de la manipulation : nous adoptons un comportement pour obtenir ce que nous voulons.

Notre colère est pourtant légitime, alors comment est-ce que je peux l’exprimer de manière convenable?

Tout cela se rapproche dangereusement de la notion de responsabilité. Si je suis responsable de ce qui se passe en moi, je ne peux pas le faire porter à l’autre. Si mon enfant fait une crise, il ne devrait pas me faire faire quelque chose que je n’approuve pas. Ma réaction est ma responsabilité.

Alors par où commencer : premièrement, reconnaître en moi que certains rapports sont/ont été biaisés (probablement car je l’ai vécu enfant).

Deuxièmement, en parler en famille (dès 5- 6 ans) et dire qu’à partir de maintenant, on ne va plus obtenir certaines choses par tel comportement (on pourrait lister ceux qui nous semblent en faire l’objet). On peut (re)dire qu’on a le droit d’être en colère et tout ce qu’on peut faire quand on est en colère (aller taper contre un coussin, courir sur le balcon ou dans la cour, hurler dans la salle-de-bain, chiffonner du papier, jeter des peluches, gribouiller, écrire, dessiner, ….) et ce qui est interdit (taper quelqu’un, insulter, casser des choses)…

A nous aussi adultes de décider comment on va gérer notre colère la prochaine fois. J’ai beaucoup apprécié une vidéo qui disait : « Si au moment où tu es en colère contre ton enfant, on te donnait 1 million pour que tu t’arrêtes de crier, tu en serais certainement capable, non ? Et ton enfant vaut beaucoup plus que cela… Cela veut dire qu’on serait capable de se maîtriser…. Et surtout de donner l’exemple. « je vais ME calmer dans ma chambre  / sur le balcon quelques minutes »…

C’est peut-être une des plus belles compétences à enseigner à nos enfants, être responsable de ses émotions, ne pas faire « payer » l’autre pour notre émotion… avoir des relations saines et sereines, sans noeuds.

corde

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